"C'est le livre des rois des anciens temps,
Évoqués dans des poèmes bien éloquents.
Des héros braves, des rois renommés
Tous un par un, je les ai nommés.
Tous ont disparu au passage du temps
Je les fais revivre grâce au persan.
Tout monument se détruit souvent
À cause de l’averse, à cause du vent.
J’érige un palais au poème persan
Qui ne se détruira ni par averse ni par vent.
Je ne mourrai jamais, je serai vivant
J’ai semé partout le poème persan.
J’ai beaucoup souffert pendant trente ans
Pour faire revivre l’Iran grâce au persan."
C'est par ces vers (traduction de Mahshid Moshiri) que Ferdowsi, poète persan du Xème siècle, présente son poème épique, le "Livre des Rois" (Shâh Nâmeh). Né et mort dans la region de Tous (petite ville proche de Mashad)), Ferdowsi était musulman mais il semble qu'il suivait également les anciens rites zoroastriens.
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Inscription sur le mausolee de Ferdowsi |
Par un jeu subtil de différents bus, nous nous sommes rendus à Tous pour visiter le tombeau de Ferdowsi. Celui-ci est niché dans un jardin verdoyant au milieu de l'ancienne ville de Tous dont on aperçoit encore les ruines et des restes de remparts émergeant du désertique plateau iranien. La tombe devant laquelle se photographient les iraniens est recouverte d'un mausolée rappelant le tombeau de Cyrrhus à Pasgardes près de Shiraz. Des bas-reliefs rappellent les exploits de Rostam, grand héros de cette épopée.
Comme toujours en Iran, les visiteurs se recueillent sur la tombe de leurs poètes.
Autour du jardin, tout n'est que poussière ocre. Le jardin est une oasis où il fait bon se reposer. Un groupe de musiciens d'une petite ville du Khorassan nous a offert un concert de musique populaire.
C'est Ferdowsi qui nous accompagnera lors de notre départ de l'Iran sur le mur peint de l'école de Bajiran, dernier village avant la frontière avec le Turkménistan. Enfin, pour la petite histoire, une rue Ferdowsi traverse le Parc Monceau à Paris.
que les passants en seront enivrés.
Une telle sérénité entourera ma tombe,
que les amants ne pourront s’en éloigner."
(les quatrains présents dans cet article ont été traduits du persan par Franz Toussaint, 1924).
Ses écrits et, en particulier, ceux qui exposent sa vision de la foi et de la religion, n'étaient pas vraiment conformes à l'Islam qui dominait la Perse à la suite des invasions arabes. De nos jours, encore, seuls certains quatrains sont "reconnus" par le pouvoir en place.
"Les rhéteurs et les savants silencieux sont morts
sans avoir pu s’entendre sur l’être et le non-être.
Ignorants, mes frères, continuons de savourer le jus de la grappe,
et laissons ces grands hommes se régaler de raisins secs."
Était-il agnostique comme certains l'ont pensé ? Était-il simplement un hédoniste profitant des plaisirs terrestres ? En fait, ses poèmes montrent un esprit animé d'un certain scepticisme envers les règles religieuses rigides, mais non dénué de foi, à l'image des soufis, ainsi que le prônera Rumi un peu plus tard.
Ses quatrains restent toujours d'actualité comme on peut le lire ci-dessous
"Dans les monastères, les synagogues et les mosquées
se réfugient les faibles que l’Enfer épouvante.
L’homme qui connaît la grandeur d’Allah
ne sème pas dans son cœur les mauvaises graines de la terreur et de l’imploration."
La tombe de Khayyam n'offre pas grand intérêt. Monument sans charme des années 1970, elle se dresse au milieu d'un jardin fleuri.
"Chercheur de vérité, ne prends pas cet ouvrage pour le songe éthéré d’un imaginatif. Seul le souci d’amour a conduit ma main droite"
La Conférence des Oiseaux relate le parcours initiatique d'une troupe d'oiseaux à la recherche de l'oiseau royal, Symorgh, qui fait vivre l'univers. Le voyage est semé d'embûches et seul un petit nombre d'oiseaux arrive à bon port. Ceux-ci auront appris que Dieu n'est pas au-dessus de l'univers mais en lui.
Matthieu et Françoise