Une seule école pour un ensemble de hameaux dispersés dans la vallée. Les enfants font à pied des kilomètres de mauvaises routes pour s'y rendre.
Arslanbob est un fief ouzbek en pays kirghize.
Ouzbeks et musulmans traditionalistes, ainsi que se revendiquent ses habitants. On verra ici les hommes quitter précipitamment la maison de thé lors de l'appel à la prière et croiseront, pour la première fois depuis notre départ d'Iran, des femmes sévèrement vêtues de longues robes et la tête couverte de hijab.
Hassan vient de revenir de son troisième pèlerinage à La Mecque. Chauffeur de camions, puis menuisier, père de 5 filles mais sans descendant mâle, il souhaite passer le reste de sa vie à vivre selon les préceptes de piété et de charité de l'Islam. C'est un grand pourvoyeur de fond de la communauté locale.
Pour fêter son retour, Hassan a voulu réunir ses amis pour partager un repas. Nous étions invités. Des le matin, des camionnettes sillonnaient les hameaux avec à bord des jeunes hommes criant l'annonce des agapes. À midi, la place du village bruissait des moteurs des mêmes camionnettes qui cette fois convoyaient les vieux vers la maison du Hajj.
Arrivés sur place, nous saluons le maître de maison qui accueille ses invités à l'entrée de sa propriété. La plupart de ceux-ci sont déjà installés dans la grande cour ou coussins et nappes ont été installés pour eux. Notre statut d'étrangers nous a valu d'être logés sur une petite terrasse dominant la cour.
Comme le veut la tradition, Hassan a fait le sacrifice d'une de ses bêtes. Et il a fait les choses en grand puisque c'est un cheval qui a été sacrifié.
Un petit tour dans les "cuisines" nous fait prendre la mesure de l'ampleur de l'événement. Le cheval est débité et prêt à garnir les assiettes.
Thé, bouillon et riz cuisent dans d'immenses chaudrons. Visiblement, au menu, ce sera bouillon de cheval et plov au cheval.
Pains frais et croustillants garnis de fruits et de douceurs sont prêts à être distribués.
Les théières attendent d'être remplies.
Peu de jeunes gens. Des enfants et des vieux. Pas de femmes. Celles-ci seront conviées le lendemain par la maîtresse de maison, chacune apportant, à leur hôtesse, des douceurs qu'elles auront confectionnées.
Aujourd'hui, c'est une affaire d'hommes. Le Hajj souhaite "bon appétit" à ses invités. Le repas commence. On mange avec plaisir. On discute avec ses voisins. On échange les dernières nouvelles. Ce genre d'événement est aussi un moyen de resserrer le tissus social.
On écoute religieusement l'Imam. Puis, un homme, sorte de DJ local, annonce le prochain sacrifice qui sera offert le lendemain par un autre habitant de la région. Tout le monde se lève, les camionnettes se remplissent à nouveau. Les vieux vont digérer paisiblement chez eux ou dans quelques maisons de thé. Demain, ils auront encore l'occasion de se retrouver autour d'une autre table, pour un autre sacrifice, peut-être un autre cheval s'ils sont chanceux, un autre plov, ...
Matthieu et Françoise