Des rives de la Méditerranée à l'Orient, de la Turquie aux sources du Gange, en suivant d'anciennes routes commerciales, parcourues par les caravanes depuis plusieurs millénaires, c'est, autant que possible, à pied que Matthieu et Françoise dérouleront un long chemin. En 2016, le premier mouvement de cette aventure les a conduits d'Istanbul à Téhéran en traversant l'Anatolie, les rivages de la Mer Noire, la Géorgie et l'Arménie. Fin août 2017, repartant de Téhéran, ils gagnent la Mer Caspienne ; puis après un transit rapide du Turkménistan, ils rejoignent l'Ouzbekistan, Boukhara, Samarkand, traversent la Ferghana puis atteignent fin novembre 2017 Bishkek, la capitale kirghize. Début septembre 2018, ils quitteront Och au Kirghizstan pour Irkeshtam d'où ils pénétreront en Chine ; puis après la traversée de la Kunjerab Pass, ils enteront au Pakistan, puis atteindront l'Inde et continueront vers Haridwar, but de leur périple.

samedi 6 octobre 2018

Les jolies portes de Kuqa

Kuqa (Kucha), petite ville du Xinjiang, à dix heures de train de Kashgar. Nous y arrivons en fin d’après-midi et trouvons rapidement un hôtel agréable dont les jeunes réceptionnistes se sont montrées charmantes, serviables et pleines de ressources pour communiquer avec nous. Le centre ville est très majoritairement ouigour. La surveillance y est moins présente qu’à Kashgar. Ici, des jeunes gens viennent spontanément nous accoster pour tester leurs quelques mots d’anglais. Un policier demande à voir nos passeports, plutôt par curiosité ; à notre passage suivant devant lui, il viendra d’ailleurs nous serrer la main. Kuqa est une cité importante sur la route des caravanes ; mais cela vous sera conté dans un article suivant. Le grand spot de la ville est le palais des rois de Quici, ancien nom de ce royaume qui a perduré jusqu’au début du 20ème siècle.


Il faut se concentrer fortement pour imaginer, dans cette reconstruction chinoise, l’importance de ce petit état sur le flux des idées, des religions et bien sûr des caravanes entre Orient et Occident. Peu d’information historique. L’histoire ici se résume aux bienfaits apportés par les relations que la Chine entretenait avec le royaume de Qiuci. Il n’empêche que se promener dans les petites cours du palais est très agréable et nous repose de l’animation de la ville.



Venir au palais nous fait passer par des rues où restent encore des maisons ouigours qui, comme à Kashgar sont vouées à la démolition pour faire place à des reconstitutions plus ou moins réussies ou à d’austères immeubles chinois. Le confort y gagne sans doute ... mais le charme des petites cours intérieures où il faisait bon palabrer en buvant un thé disparaît peu à peu.


Comme partout en Asie Centrale, ici, les commerces débordent sur les trottoirs. Les ouïgours sont proches des ouzbeks et nous retrouvons les petites calottes brodées sur la tête des hommes.



Des épices, aux coiffes de fourrure, en passant par les articles pour rhumatisants, on trouve de tout sur ces étals.





La rue qui débouche sur la palais est bordée de maisons à la douce couleur ocre. Reconstruction à l’ancienne à destination du faible nombre de touristes visitant Kuqa ou maisons authentiques, nous ne savons pas. Mais s’il s’agit d’une reconstitution, elle est plutôt réussie. Les portes des maisons rivalisent de couleur et de dessins. Tout ceci donne un cachet harmonieux à ce quartier.













Matthieu et Françoise

vendredi 5 octobre 2018

Kashgar

Nous sommes à Kashgar lieu emblématique pour tous les voyageurs au même titre que Mery, au Turkmenistan, ou Samarcande et Boukhara en Ouzbékistan.
Ces villes sont toutes situées à la croisée des grandes routes caravanières le long desquelles, non seulement s’échangent des marchandises, mais également se diffusent des idées, connaissances et croyances qui en élargissant notre spectre culturel ont pu arriver jusqu'à nous en occident. Qui n'a pas entendu parlé des chrétiens Nestoriens, du Manichéisme de Mani et aussi du Bouddhisme Mahayana ancien. Ces mouvements religieux nous ont même laissé un saint dont la vie nous est contée dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine. Ce saint, connu sous le nom de Barlaam et Josaphat est une copie conforme du Bouddha; son histoire est également décrite dans le site web du monastère de Saint Gall en Suisse.

Kashgar est une oasis bordant le bassin du Tarim plus grand bassin andoreïque du monde englobant la totalité du désert du Taklamakan au Xin Jiang, appellation récente de ce que l'on désignait autrefois comme le Turkestan oriental.

Au milieu de la ville on peut y découvrir une gigantesque statue en pierre de Mao Tze Toung souriant le bras tendu guidant le peuple.


De l'ancienne ville de terre, il ne reste aujourd'hui que peu de traces. Celle ci a fait place à une métropole régionale dont l'âme disparait peu à peu sous l’action dès bulldozers comme les cheveux sous les ciseaux du coiffeur ...

Au delà de quelques restes attirant principalement un tourisme Chinois friand d’ersatz de nostalgie, comme les échoppes de souvenirs banalisés, les ballades en chameau de Bactrianne, la vieille mosquée, les activités pour les enfants, les restaurants etc.


Aujourd'hui la ville est sous contrôle policier à chaque paté de maison. Traverser une avenue par passage sous terrain fait l'objet pour la population Ouighoure de vérification d'identité, de contrôle des sacs par de scanners.



Les policiers casqués et autres milices disposent d’un large éventail d'équipements : boucliers, matraques, long bâtons en bois, tiges électriques, armement dissuasif pour tenir à distance les habitants. Nous avons pu constater que le dispositif policier et de surveillance est principalement constitué de population locale ...


On observe cette présence policière dans tous les quartiers y compris les quartiers «  historiques » de la vieille ville fréquentés par les touristes. Les caméras de surveillance, les systèmes à reconnaissance faciales sont visibles partout. On ne peut faire 100 mètres dans les rues sans croiser des patrouilles de policiers à pied, des voitures de police voire même, dans un souci de minimiser la pollution, des policiers dans des véhicules électriques légers.




Dans chaque hôtel et dans la majorité des magasins les entrées font l'objet jour et nuit de contrôle de surveillance par des policiers.


Les coffres des voitures aux parkings peuvent faire l'objet de vérification à tout moment. Le nombre des postes de police est impressionnant. Parfois on peut y voir des camions anti émeutes grillagés équipés. de canons à eau.
On a un peu l'impression d'une ville en état de siège. Et ceci laisse un sentiment de malaise aux voyageurs.

Les articles publiés sur le Xing Jiang et la population Ouïghoure peuvent être un complément à nos propos. Nous vous recommandons à cet effet de consulter le dossier du site Novastan https://www.novastan.org/fr/region-ouighoure/ et également les autres journaux comme Le Monde, Le Figaro etc. en recherchant les articles sous le mot clé "Ouighours". Il appartiendra .à chacun de rechercher de manière critique les informations sur ce sujet. Quant à nous, nous avons ressenti le triste sentiment d'assister avec cette lente assimilation par les colons Hans en provenance d'autres régions d'une perte d'identité de ce qui fait l'originalité de ce peuple d'Asie centrale. Les Ouïghours d'origine Turcique proche des Ouzbeks font partie au même titre que ces derniers, du Khanat de Djagataï, l'un des fils de Gengis Khan qui a occupé entre autre la vallée de la Ferghana.

Comme nous sommes frappés d'interdiction de voyager à pied, le passage en Chine se fera donc (comme au Turkmenistan) en véhicule pour pouvoir poursuivre notre voyage...Bien que nous en soyons désolés, nous prenons les événements comme ils viennent.

Il reste néanmoins une vie oiughoure à Kashgar et nous l’avons trouvée dans les marchés du dimanche qui nous ont procuré un peu d'air frais.pAp

Le marché des animaux éloignés de quelques 15 km de la ville est sans doute celui où se retrouvent les populations rurales de toute la région. Si on y croise le bétail traditionnel tels que les ovins, caprins, bovins, poulets canards, on y trouve des espèces plus spécifiques comme les chameaux bactrianes, les yaks et les dzos. Le marché aux chevaux étant quand à lui éloigné de ce lieu d'échanges.






Aux abords du marché se succèdent les stands de bouchers, vendeurs de shashlik, de miel, de sucre et autres artisans.
Sur les petits étals où se retrouvent vendeurs et acheteurs on peut aussi y manger dans une atmosphère chaleureuse et bon enfant. Nous y avons été bien accueillis et avons partagé un bol de langman, mélange de pâtes fabriquées sur place, assorti de légumes et de viande de mouton.




Délicieux : ce langman  s’est révélé le meilleur que nous avons mangé depuis notre périple en Asie centrale, absolument divin !

Un autre bazar, typique de tous les bazars d’Asie Centrale, se trouve aux portes de la vieille ville. Les entrées y sont soigneusement filtrées par des contrôles de police. Ici, on trouve légumes, fruits secs, textiles, et autres articles de ménage..


On y va en famille, on regarde, touche, et achète les articles convoités souvent modestes après de longues négociations.






Nous passons notre dernier jour en Chine dans ces ambiances populaires avant de prendre la route pour gagner le Pakistan.

Matthieu et Françoise