Des rives de la Méditerranée à l'Orient, de la Turquie aux sources du Gange, en suivant d'anciennes routes commerciales, parcourues par les caravanes depuis plusieurs millénaires, c'est, autant que possible, à pied que Matthieu et Françoise dérouleront un long chemin. En 2016, le premier mouvement de cette aventure les a conduits d'Istanbul à Téhéran en traversant l'Anatolie, les rivages de la Mer Noire, la Géorgie et l'Arménie. Fin août 2017, repartant de Téhéran, ils gagnent la Mer Caspienne ; puis après un transit rapide du Turkménistan, ils rejoignent l'Ouzbekistan, Boukhara, Samarkand, traversent la Ferghana puis atteignent fin novembre 2017 Bishkek, la capitale kirghize. Début septembre 2018, ils quitteront Och au Kirghizstan pour Irkeshtam d'où ils pénétreront en Chine ; puis après la traversée de la Kunjerab Pass, ils enteront au Pakistan, puis atteindront l'Inde et continueront vers Haridwar, but de leur périple.

samedi 17 septembre 2016

La route du thé

Le thé est une véritable institution en Turquie. Les Turcs sont, en effet, parmi les plus gros consommateurs de cette boisson qui s'offre en toutes occasions.



La production annuelle de thé en Turquie est de plus de 2000 000 tonnes par an, est principalement réalisée au bord de la mer Noire dans la région de Rize. Historiquement la culture du thé s'est développée à la fin de l'empire ottoman. Cette boisson a en effet été lancée alors pour supplanter le café de Moka venant du Yémen, ancienne province de l'empire, café dont l'importation devenait trop coûteuse. Comme beaucoup de choses ici, cette transformation des habitudes est attribuée à Ataturk.
Longtemps le thé est resté monopole d'état (sous l'appellation de Çaykur) qui continue à l'heure actuelle à détenir 60% de la production, le reste étant aux mains d'opérateurs privés.



C'est d'abord dans la région de Rize que le thé s'est implanté à partir de plans de thé chinois en provenance de la Géorgie voisine où il se cultivait depuis un siècle. Les plantations se sont alors étendues vers les provinces de Trabzon, Giresun, Artvin. Le thé produit ici ne rivalise pas en qualité avec les grands producteurs d'Asie. Il s'agit d'une production de masse. La collecte ne se fait pas délicatememt à la main, mais avec un sécateur.

On rencontre souvent sur la route de petits exploitants acheminant les ballots de thé dans des charrettes à bras vers un camion collecteur qui pèse au préalable la quantité de thé apporté.



La dernière partie du voyage en Turquie s'est faite sous un temps clément et ce parcours au milieu des ondulations de plantations de thé a fait rêver à un jardin japonais. Ces paysages grandioses de coulées de théiers tombant sur la mer ponctuée de rochers se sont offerts comme un magnifique présent au marcheur qui se laisse le temps de s'émerveiller.



Jusqu'à la frontière géorgienne, c'est le pays Laze. Encore environ 200 000 en Turquie, ni turcs, ni grecs, ils viennent de Géorgie. Ils sont connus pour avoir été de féroces guerriers, se livrant volontiers au pillage, et d'excellents marins. Il est dit qu'à la fin du 19eme siècle, les Lazes formaient près de la moitié de la flotte ottomane. Ils continuent aujourd'hui à faire vivre leurs traditions et leur folklore (musique, couleurs vives des costumes). Ils ont encore leur propre radio mais les locuteurs lazes se font de plus en plus rares chez les jeunes générations, en dépit des poètes et chanteurs toujours actifs.



Matthieu & Françoise