Des rives de la Méditerranée à l'Orient, de la Turquie aux sources du Gange, en suivant d'anciennes routes commerciales, parcourues par les caravanes depuis plusieurs millénaires, c'est, autant que possible, à pied que Matthieu et Françoise dérouleront un long chemin. En 2016, le premier mouvement de cette aventure les a conduits d'Istanbul à Téhéran en traversant l'Anatolie, les rivages de la Mer Noire, la Géorgie et l'Arménie. Fin août 2017, repartant de Téhéran, ils gagnent la Mer Caspienne ; puis après un transit rapide du Turkménistan, ils rejoignent l'Ouzbekistan, Boukhara, Samarkand, traversent la Ferghana puis atteignent fin novembre 2017 Bishkek, la capitale kirghize. Début septembre 2018, ils quitteront Och au Kirghizstan pour Irkeshtam d'où ils pénétreront en Chine ; puis après la traversée de la Kunjerab Pass, ils enteront au Pakistan, puis atteindront l'Inde et continueront vers Haridwar, but de leur périple.

mardi 13 septembre 2016

Les écueils de la marche

Atteindre la mer Noire était un jalon important sur notre chemin. Hélas, sitôt arrivés à Samsun, nous avons été confrontés à des difficultés qui ont altéré notre rythme de marche.

La première a été une météo exécrable. Le climat tropical, si favorable à la culture des noisettes ne l’est plus du tout pour le marcheur au long cours, Nous avons subi des trombes d'eau pendant plus de dix jours, pratiquement sans interruption … Une véritable pluie de mousson ; la foudre qui tombe autour de nous, des averses qui vous laissent l'impression de recevoir constamment des seaux d'eau ; l'absence de visibilité vous expose aux dangers de la route. On ne voit pas à 5 mètres devant soi et, bien sûr, il en est de même pour les voitures et camions qui continuent néanmoins de rouler comme des fusées. La mer devient d’encre, le ciel est si bas que le moral s’en ressent.


Quoique vous fassiez vous êtes trempés des pieds à la tête. Le contenu de votre sac malgré toutes les protections devient rapidement humide. Le soir, à l’hôtel (car il n’est plus d’actualité de monter une tente dans ces conditions, la chambre ressemble à un campement de migrants. Des vêtements sèchent sur toute surface accueillante (dos de chaise, télévision - il y en a toujours une même dans les hôtels les plus modestes -, bâtons de marche astucieusement posés entre une porte et une table, etc). Et quel bonheur quand la chambre nous offre des porte-manteaux.

Autre difficulté de la route le long de la côte. La montagne affleure quasiment la mer et la grande route qui conduit jusqu’à Batoumi en Géorgie a été construite à grand renfort de tunnels qui trouent la montagne. Si la plupart ne dépassent pas 1 km et sont praticables en toute sécurité à pied, d’autres peuvent atteindre plus de 3 km de long ; ils sont alors impossible à traverser à pied faute d'une ventilation suffisante. 

Dans ces deux cas, pour assurer notre sécurité, nous avons utilisé sur de courtes  distances des dolmus (petits transports) pour arriver á bon port. Petites égratignures à notre amour propre, mais c’était la bonne décision à prendre. Ces kilomètres de marche volés sur la route par ailleurs sont largement compensés par ceux que nous faisons les jours de repos lorsque nous endossons notre rôle de touristes ou de chalands dans les villes d’étape.



Enfin, même sous un déluge, des moments merveilleux peuvent survenir. C’est, alors que nous nous abritions sous l’auvent d’une maison, une femme qui va nous chercher des tabourets. C’est aussi, des hommes qui jouent aux cartes ou aux dominos dans un café, qui nous appellent pour que nous nous mettions au sec et qui nous offrent thés et gâteaux. C’est enfin, ce charmant jeune homme qui tenait une maison de thé où nous étions entrés absolument trempés, qui nous a offert le thé, donné des fruits de son jardin et surtout a tenu à attendre le bus à notre place sous la pluie battante. Gentillesse naturelle et spontanée de tous ces gens, qui nous remettait un gros rayon de soleil dans la tête.

Matthieu et Françoise

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