Des rives de la Méditerranée à l'Orient, de la Turquie aux sources du Gange, en suivant d'anciennes routes commerciales, parcourues par les caravanes depuis plusieurs millénaires, c'est, autant que possible, à pied que Matthieu et Françoise dérouleront un long chemin. En 2016, le premier mouvement de cette aventure les a conduits d'Istanbul à Téhéran en traversant l'Anatolie, les rivages de la Mer Noire, la Géorgie et l'Arménie. Fin août 2017, repartant de Téhéran, ils gagnent la Mer Caspienne ; puis après un transit rapide du Turkménistan, ils rejoignent l'Ouzbekistan, Boukhara, Samarkand, traversent la Ferghana puis atteignent fin novembre 2017 Bishkek, la capitale kirghize. Début septembre 2018, ils quitteront Och au Kirghizstan pour Irkeshtam d'où ils pénétreront en Chine ; puis après la traversée de la Kunjerab Pass, ils enteront au Pakistan, puis atteindront l'Inde et continueront vers Haridwar, but de leur périple.

jeudi 29 novembre 2018

La Perse, encore et toujours ...

Franchir les frontières de l’Iran, ce ne sera jamais quitter le monde Perse. Mèdes, Parthes, Scythes, Sogdiens, ..., ces peuples ont véhiculé dans toute l’Asie Centrale ainsi que dans le sous-continent indien, par le jeu des invasions et des conquêtes, une culture unique et reconnaissable. Souvent, d’ailleurs, l’envahisseur s’imprégnait de la culture du peuple soumis.

 Lors de notre voyage, nous avons pu voir les restes de villes achéménides, passées aux mains des grecs d’Alexandre, des hordes de Tamerlan, ... Margiane, Bactryane, Sogdiane, ... partout les cultures se sont mêlées, celles des conquérants nomades s’enrichissant au contact de celles des peuples sédentarisés depuis plus longtemps.

 Mais partout, ce qui nous frappe, c’est ce rappel de l’Iran.

 Ainsi, comment ne pas penser au mausolée de Oldjaitou quand on visite celui de Baha-Ud-Din-Zakariya. Oldjaitou,descendant de Gengis Khan, était un mongol de la dynastie des Houlagides qui régna sur la Perse du XIIIème au XIVème siècle. Il fit construire, à Soltaniyeh, au sud de Zanjan en Iran, un mausolée pour abriter les restes des deux premiers martyrs des chiites, Ali et Hossein. Ceux-ci ne lui furent jamais cédés aussi décida-t-il que ce mausolée abriterait son tombeau.


Baha-Ud-Din-Zakariya était un Saint soufi du siècle, encore très respecté dans le sous-continent indien. Son mausolée construit au XIIIème siècle se trouve à Multan au Pakistan.


Quand on voit ces céramiques (Multan, Pakistan), comment ne pas se souvenir d’Ispahan ou de Samarcande.



Quant à ces décorations de briques, toujours à Multan, elles nous rappellent les murs des mosquées et médersas de Boukhara.


Mais surtout, c’est par les populations rencontrées que nous avons retrouvé ce monde Perse.

 En quittant le Xinjiang vers la Kunjerab Pass, on quitte les peuples Ouïgours pour les, Tadjiks. Ceux-ci sont majoritaires dans la ville Tachkorgan et dans les villages environnant, la frontière avec le Tadjikistan étant proche.

 On arrive alors dans le pays Hunza, puis sur la rive opposée de la rivière Hunza, on se trouve dans le pays Nagar. Dans cette grande vallée que nous avons longée sur plus de 200 km, Hunzas et Nagars cohabitent avec des Tadjiks.

Femme Hunza à Passu (Pakistan)
Femmes Tadjik à Passu (Pakistan)
D’après Jean-Paul Roux, les Tadjiks seraient des descendants des Sogdiens (Jean-Paul Roux - « Les Sogdiens : une chevalerie raffinée au carrefour des cultures » - 2009 - Clio) qui étaient connus pour former un rouage important sur les grandes routes de commerce jusqu’au VIIème siècle de notre ère. Les Sogdiens qui occupaient, en gros, l’Ouzbekistan actuel, utilisaient un dialecte dérivé du persan. Actuellement, Nagars, Hunzas, Tadjiks parlent tous une langue d’origine perse.

 De tous temps, des relations ont existé entre Perse et Inde. Lors de l’ère achéménide, une partie du sous-continent indien était une satrapie de l’empire perse, en particulier le Pendjab actuel.

 Enfin, à Lahore, le mausolée de Jahangir nous évoque ces dynasties cousines : les Timourides en Iran et les Moghols en Inde, toutes deux descendants de Tamerlan. On parlait, d’ailleurs persan à la cour des empereurs moghols


Enfin, deux jours après avoir quitté Amritsar, nous faisons la rencontre d’une famille Sikh. Yeux bleus pour le père, verts pour le fils ... cette famille se revendique comme persane ; leurs ancêtres sont des Scythes qui vivaient sur la rive orientale de la Mer Caspienne.


Perse, Asie Centrale, Pakistan, Inde ... Où sont les frontières ?

 Matthieu et Françoise